Première journée à Cannes pour nous. Cette journée du jeudi est particulière puisque nous nous retrouvons uniquement entre professionnels. Alors non, la ludo ne nous paie pas et nous sommes bien tous bénévoles comme vous le savez. Mais en tant qu’acteur du monde ludique (petit acteur de plus en plus grand avec la naissance l’an dernier du Val des Jeux), les organisateurs du Festival des Jeux de Cannes nous font l’honneur de nous considérer comme des professionnels ; un grand merci à eux pour cette reconnaissance. Enfin bon, je m’égare, venons en à ce qui vous intéresse…
Nos découvertes ludiques (14 parties jouées)
Enchanters (Mythic Games) : Héros habitant dans une jolie petite ville, vous allez devoir affronter une horde de monstres déferlant sur vous pour vous attaquer, avec à leurs têtes une abomination de créature gigantesque pour les commander. Alors oui, le scénario semble convenu, mais Enchanters se démarque par de nombreux aspects, tous bien amenés et importants. Il vous faudra d’abord vous équiper, en armes et en enchantements, sous formes de cartes à récupérer et à empiler devant vous afin de monter en attaque et en défense. L terme “empiler” est important, puisque les bonus pourront être recouverts, vous freinant dans votre progression. Tout cela en allant tuer quelques monstres qui apparaîtront avec les équipements dans une rivière de cartes qui avancera sans cesse, et en subissant les foudres du boss et de ses sbires si vous ‘êtes pas assez stuffés. Un vrai équilibre à trouver, et une vraie belle première partie de festival, nous fûmes… enchantés. Pardon.
Imagicien (Blam!) : Vous vous rappelez avec nostalgie de vos Mickey Parade, ou Super Picsou Géant des vacances, avec les points à relier que vous faisiez à toute vitesse parce que beaucoup trop faciles ? Vous vous croyez forts à ce type d’énigme ? Imagicien est là pour vous ramener à la réalité, tout en vous faisant marrer. Le principe est le même : sur une grille contenant une centaine de symboles, vous allez devoir “relier” des points avec un feutre, et tenter de deviner avant tout le monde la forme que tous essaient d’esquisser. Le problème, c’est que dès que l’un des joueurs pense avoir trouver, il retourne un sablier, et met la pression aux autres. Qui perdent alors évidemment leurs moyens, dessinent mal et à toute vitesse, et finissent par balancer des propositions hilarantes sur ce que pourrait bien être ce trait et ce pauvre cercle qu’ils ont eu de la peine à tracer si vite. Un très chouette jeu, qui s’explique vite mais qui se savoure longtemps.
Association 10 dés (Act In Games) : Comme son nom l’indique, ce jeu propose de lancer 10 dés puis de faire deviner un mot, titre de film, concept, …. grâce à une association d’idées écrite sur les dés (de 2 à 5) sélectionnées. Association 10 dés se joue en équipe et le joueur prenant les dés, espère que son équipe trouvera la bonne réponse en moins de 30 sec. Si ce n’est pas le cas, l’équipe adverse pourra faire une proposition. Mais bien souvent, chaque personne à de multiples idées pour une même association de mot. On passe donc son temps à faire preuve de mauvaise fois et à éclater de rire. De quoi donc passer un moment magique que celui que nous avons passé ce matin.
Top Ten (Cocktail Games) : Sur une échelle de 1 à 10, faites un cri de dinosaure de niveau 8. Puis mimez un chien qui traverse une rivière de niveau 2, puis exprimez votre sentiment amoureux de jeune marié·e de niveau 4. L’art, le grand art de Top Ten se situe dans les jauges, celles que vous vous voyez attribuées (de 1 à 10 donc, merci à ceux qui suivent) avant de réaliser une action ou de dire une phrase, mais aussi celles que vous vous donnez, et enfin celles que le joueur tentant de deviner vous attribue. Le flou qui existe entre ces trois jauges fait le sel, et la grande réussite de ce jeu d’ambiance hyper fun, qui s’explique en deux minutes, et dont vous trouverez un apercu en cliquant ici.
Troyes Dice (Pearl Games) : Troyes Dice est la version roll & Write (tendance à la mode) de Troyes, un jeu sorti il y a 10 ans chez le même éditeur et reconnu comme une référence des jeux pour experts. Et Troyes Dice fait honneur à son aîné. Durant les 16 tours de jeu (réparties en 8 manches de 2 tours), les joueurs devront choisir un dé associé à une des trois couleurs du jeux pour recruter des habitants ou construire des bâtiments. Rajouter à cela de multiples combinaisons pour marquer des points et des événements qui vous empêcheront de faire ce que vous aviez prévu et vous obtenez un jeu tendu et très stratégique. Alors comme dans beaucoup de Roll & Write, chaque joueur joue sur sa feuille sans interagir avec les autres mais quel plaisir de voir qu’avec les mêmes dés, mais cela n’enlève rien au plaisir procuré par ce jeu.
Poisons (Ankama Games) : Dans ce jeu, chaque joueur reçoit en début de partie des boissons sans danger et un poison. Le jeu dure 4 manches. Au cours de chacune d’entre elle, chaque joueur va devoir remplir le verre des ses adversaires un à un soit avec une boisson sans danger soit avec son poison. Lorsque toutes les boissons sont jouées, chaque joueur peut décider de boire ou ne pas boire son verre. S’il ne le boit pas, il marque un point de lâcheté. S’il le boit et qu’il ne contient pas de poison alors il marque entre 2 et 5 points en fonction de la carte retourné par le joueur. Mais boire un verre contenant au moins un boisson ne fait marquer aucun point. Poison est un jeu de bluff, qui demande de bien surveiller chaque joueur en plus d’être fourbe. Âme sensible s’abstenir car tous les coups sont permis…
Les petites bourgades (Lucky Duck Games) : Sous ce titre champêtre se cache en réalité un jeu de placement et de construction très intelligent, rapide, et diablement efficace. Sur une tuile de 4 x 4 emplacement,s vous allez récupérer des ressources qui, suivant leurs positions, vous permettront de bâtir de précieux bâtiments qui vous rapporteront les points de victoire. Oui, mais quand les ressources vous sont imposées par les autres joueurs, et que le “puzzle” que vous tentez de mettre en place sur votre tuile se bloque, la partie est finie pour vous, et il vous reste vos yeux pour pleurer et regarder les autres finir leurs bourgades. Un jeu diablement bien équilibré, ni trop calculatoire, ni trop facile, un subtil mélange et un chouette matériel de jeu qui nous a séduit.
Saint Seya (Yoka By Tsume) : Ce jeu, qui retranscrit l’univers du célèbre dessin animé, est un deck building qui sait se démarquer des autres. Le but est comme souvent de gagner des points de victoires que l’on trouve sur les cartes que l’on va pouvoir “acheter” et mettre dans notre deck. Pour cela, on peut soit utiliser la force de nos héros et chevalier soit du cosmos qui nous permet de pouvoir utiliser la carte acheter immédiatement si on le souhaite. Il est également possible de récupérer puis d’équiper des armures qui donnent des bonus. Le jeu se termine lorsque les 12 flammes de l’horloge sont éteintes (une flamme s’éteint à chaque fois qu’un chevalier d’or est défaussé). Saint Seya nécessite une bonne connaissance du jeu afin d’en comprendre toutes les subtilités et toutes les mécaniques décrites par les différents mots clés des cartes.
Phone Bomb (Aurora Games) : Une bombe doit être désamorcée ! Vite ! Le temps presse… Les joueurs vont devoir coopérer dans un temps limité pour couper les 3 fils qui permettront de désamorcer la bombe, avant la fin du chronomètre ou que les trois fils dangereux soient coupés. A son tour, le joueur actif doit associer deux des quatre cartes qu’il a en main pour effectuer une action : couper un fil, rajouter du temps, étudier la bombe (pour avoir des informations à couper ou pas), passer une interview (pour tenter de gagner des points supplémentaires) ou fuir… Car oui, ce jeu qui au départ semble coopératif est bien un jeu compétitif. Celui ayant le plus de points de victoires gagnera et fuir peut rapporter des points si la bombe venait à exploser. Phone Bomb est vraiment frénétique à soin et les manches s’enchaînent avec plaisir.
5 Minute Dungeon (SpinMaster Games) : Chaque joueur incarne un héros. Chaque héros a ses spécificités, dans la composition de son deck de cartes mais également dans les effets spéciaux qu’il peut utiliser. Ensemble les héros vont devoir à l’aide de leur cartes battre une série de monstres avant d’éliminer un “boss”, un monstre super costaud, le tout en moins de 5 minutes. Le jeu comporte de nombreux boss de plus en plus difficile à battre et surtout nécessitant de combattre avant plus de monstres. Coopérer, communiquer et se coordonner sont essentiels pour venir à bout de ce jeu vraiment fun à jouer.
Oriflamme (Studio H) : 9 cartes, avec chacune un pouvoir. C’est tout. Tous les joueurs partent avec 6 cartes parmi les 9 , choisies au hasard, et vont venir les placer sur une ligne se formant devant les joueurs, en tête ou queue de ligne, ou bien par-dessus une de vos cartes. Puis, dans l’ordre de la ligne formée, vous choisissez pour vos cartes de les retourner pour les activer, ou bien de ne pas les révéler pour qu’elles gagnent en points de prestige. Des règles très simples en apparence, mais seulement en apparence. Oriflamme est un jeu de bluff, de double guessing, de traîtrise, mais aussi de réactions en chaîne, de surprises, et de stratégies fluctuantes. Un excellent mélange des genres, qui plaira aux roublards comme aux gentils, aux excités du jeu comme aux plus posés. Il y a une vraie profondeur dans le jeu, qui donnera du plaisir quelque soit votre niveau.
Gangs de Piaf (Studio H) : Il y a le ciel, les oiseaux et la mer. Et des crabes. Gangs de piaf est une jeu d’adresse ultra rapide et évidemment ultra efficace : vous lancez votre jeton “goéland” ou “pélican” suivant l’équipe pour laquelle vous jouez, et vous devez le faire retomber sur le plateau en néoprène qui représente la mer, et surtout ses habitants, de bons crabes appétissants. L’équipe qui possède le plus de jetons dans une zone la remporte, et l’équipe qui possède le plus de jetons sur un crabe le remporte. C’est fun, ça devrait sortir en Juin pour les vacances (donc on ne pourra pas encore vous le ramener), et ça va forcément plaire à tout le monde !
Hagakure (Studio H) : Un jeu de plis, sur le “principe” du Tarot, vous devrez poser des villageois (cartes simples de basse numérotation) ou des Samouraïs (vous l’aurez compris, numérotatoirement plus élevée, oui ce terme ne veut rien dire, mais on en est au 13è jeu de la journée, je peux inventer des noms) afin de ramasser des plis suivant la carte jouée par le joueur ayant pris le pli précédent. Pour cela, vous aurez 4 cartes en début de chaque tour, ainsi que des petites tuiles qui vous demanderont d’apprécier en début de chaque tour votre capacité à prendre des plis : vous pourrez ainsi soit tenter de doubler vos points, ou à l’inverse d’éviter de prendre des malus en fixant à l’avance votre score à 0. Et évidemment avec des vieux fous qui mettent la pagaille dans tout cela. Un jeu fort agréable ma foi, très joliment illustré, et avec un énorme potentiel de reviens-y.
Salade de points (Gigamic) : Ce jeu est composé de cartes dont le recto représente un légume (6 différents dans le jeu) et le verso une façon de gagner des points de victoires. On démarre le jeu en faisant trois piles de cartes face verso et en révélant en dessous les deux premières cartes face légume de chaque de ces pioches. A son tour, un joueur va pouvoir prendre deux cartes légumes de son choix, ou prendre une carte verso (et donc obtenir une façon de gagner des points de victoires). Les tours s’enchaînent jusqu’à prendre toutes les cartes du jeu. On compte alors les points et le joueur en ayant le plus gagne. Salade de points est un jeu malin et rapide. En effet, en prenant un objectif très rapidement, on a plus de chances de faire des points avec, mais les adversaires peuvent aussi plus facilement nous contrer. Beaucoup en parlent déjà sur le net et comme eux nous sommes conquis par ce jeu.
Nos rencontres
En cette journée professionnelle, les rencontres furent nombreuses et le principal sujet de conversation fut bien souvent le Val des Jeux. Car oui, nous préparons déjà la 2e édition de notre festival. Difficile d’en dire plus (par superstition ou parce que rien de concret n’est encore acté), mais vos ludovores cannois se sont démenés toute la journée pour présenter notre festival et ses qualités.